Réparer le filet

Lorsque vous pensez à un filet, que visualisez-vous? Un filet de pêche?
Le « filet de sécurité sociale » du gouvernement devient de plus en plus usé et déchiré. Les compressions budgétaires et les fermetures départementales fragilisent davantage la vie de milliers de gens démunis.
Ce problème peut devenir aussi une occasion. L’Église a toujours aspiré à pourvoir aux besoins des personnes démunies et impuissantes et à les protéger. Tous les jours, les chrétiens ont l’occasion de « réparer le filet, celui de la sécurité sociale » par des actions bienveillantes.
Quelle devrait être l’intervention de l’Église auprès des personnes démunies, marginalisées et maltraitées? Comment Jésus a-t-il traité les personnes pauvres et démunies?
Le premier chapitre de l’évangile de Marc pourrait caractériser le ministère d’ensemble de Jésus en un mot : compassion. Les chrétiens sont appelés à changer le cours des choses dans leur collectivité de manière compatissante et bienveillante. Dans Marc 1.29-45, nous voyons Jésus veiller sur les gens, prier pour eux, les toucher, une personne à la fois et changer profondément le cours de leur vie.
La compassion veille sur les démunis : Marc 1.29-34
Trop souvent, nous souffrons du syndrome de la « saturation compassionnelle ». Nous voyons les immenses besoins des foules plutôt que ceux des personnes de manière individuelle. Nous ne nous donnons pas la peine d’améliorer notre collectivité. Nous doutons que cela s’attaque à la racine de ce mal.
Si vous vous demandez à quoi ressemblait une journée typique dans la vie de Jésus, le chapitre premier du livre de Marc en présente un aperçu. Des guérisons, l’exorcisme de démons, l’enseignement, la prière et les déplacements : toutes ces activités demeuraient exténuantes. S’occuper des démunis peut rapidement miner notre énergie. Nous pouvons devenir insensibles aux besoins qui nous entourent.
Faites comme Jésus : Il cherchait à apporter des soins et à répondre aux besoins de la personne, pas seulement à ceux des multitudes. Nous pouvons tous apporter des soins à une personne. Ses besoins ne sont pas trop grands ni nos moyens trop limités.
Un jour particulièrement éprouvant, Jésus a montré une empathie et une compassion exceptionnelles. Il a répondu aux besoins individuels, une personne à la fois.
La compassion prie pour les âmes perdues : Marc 1.35-39
La renommée de Jésus s’accroissait au fur et à mesure qu’il guérissait les malades et qu’il exorcisait les démons. Dans Marc 1.35, nous voyons Jésus fuir sa propre renommée et les complications qu’elle entraînait. Il souhaitait de consacrer du temps, seul, avec le Père. Il lui a déversé son cœur, il a prié pour les âmes de ces hommes et de ces femmes.
Jésus accordait une extraordinaire importance à la prière. Nous voyons que dans sa vie, avant un événement important, Jésus vaquait à la prière; notamment avant d’appeler les douze disciples, dans Luc 6.12, avant de nourrir 5 000 personnes, dans Marc 6.41, avant de ressusciter Lazare dans Jean 11.41 et avant d’être crucifié dans Luc 23.34.
Jésus amorce par la prière la première de trois campagnes d’évangélisation dans la vallée de la Galilée. Dans son intercession, il reconnaît qu’il doit laisser les foules qui recherchent des miracles et qu’il doit se rendre dans d’autres lieux, là où sa prédication se poursuivrait sans interruption. Marc 1.39 montre qu’il continue à accomplir des miracles dans d’autres villes de Galilée. Luc 4.42-43 met l’accent sur le fait que Jésus pria et qu’il annonça la bonne nouvelle du royaume de Dieu […].
Les miracles confirmaient le message, mais ils n’étaient que secondaires à son témoignage de la bonne nouvelle, la principale tâche de Jésus.
Si Capernaüm demeurait le centre des opérations de Jésus selon les versets 38 et 39, Jésus laisse sous-entendre qu’il s’est rendu dans d’autres villes, parce que la foule de Capernaüm recherchait l’exaltation des miracles, ainsi qu’une réponse à ses besoins physiques. Cependant, Jésus éprouvait un plus grand désir : celui de répondre aux besoins spirituels des gens.
Nous aussi, nous devons veiller à cet équilibre. Nous devons prier pour les besoins et agir avec compassion, sans toutefois agir au détriment des besoins spirituels des gens et ne témoigner que rarement de l’Évangile. Jésus nous demande d’être ses mains et ses pieds envers les âmes perdues qui ont besoin d’entendre son offre du salut.
La compassion touche les personnes impuissantes : Marc 1.40-45
Dans Marc 1.40-45, nous sommes témoins de l’une de ces occasions où Jésus exerce sa compassion. Il guérit cet homme atteint de la lèpre. Cette ignoble maladie était considérée par les juifs du premier siècle comme un châtiment de Dieu et une conséquence du péché dans la vie du malade. Cette maladie commençait par de petites taches sur les paupières, se répandait sur toute la surface du corps et finissait par gruger le tissu interne et les organes vitaux. La mort devenait une délivrance accueillie par le lépreux.
Les rabbins enseignaient aux gens à s’éloigner de deux mètres des personnes lépreuses. Jésus, pourtant, a touché ce malade. Nous lisons dans Marc 1.41 (Colombe) : « Jésus, ému de compassion, étendit la main, le toucha […]. » Ses réactions compatissantes contrastaient parfaitement avec les enseignements traditionnels et les normes sociales de son temps.
Jésus voyait une personne; il en a été ému. Il était empathique. Et son empathie le poussait à l’action. La tristesse du peuple devenait la sienne. Jésus a touché une personne réputée intouchable par la société. Il nous appelle à faire de même.
Qui sont les intouchables, les impuissants, les marginalisés et les maltraités de notre société? L’Église ne peut demeurer indifférente, paralysée au point de l’empêcher d’agir.
Remarquez la supplication de ce lépreux, au verset 40 (Colombe) : « Si tu le veux, tu peux me rendre pur. » Il savait que Jésus avait le pouvoir et les moyens pour répondre à son besoin. Il n’avait pas l’assurance cependant que Jésus souhaitait y répondre.
Notre volonté demeure bien souvent le problème plus que notre pouvoir ou nos moyens pour répondre aux besoins de la personne indigente et démunie. Au verset 41 (Colombe), la réponse de Jésus a été immédiate et directe : « Jésus, […] dit : Je le veux, sois pur. »