Cybercarnet du président

Ce que j’ai vu à la frontière ukrainienne

Je reviens d’un récent séjour en Pologne, près de la frontière ukrainienne, du 16 au 23 juin.

J’étais accompagné par trois autres membres de notre personnel national. Nous avions pour objectif d’observer ce qui s’est déroulé sur le terrain avec nos Églises partenaires et les agences avec lesquelles nous avons été à l’œuvre pour évacuer des milliers de réfugiés pendant les derniers mois. Luc Tétreault, notre coéquipier, avait prêté main-forte à la coordination et au soutien du travail lors de deux séjours précédents.

Jutras et TaylorsPierre et Hanna Jutras, ainsi que Ben et Krista Taylor, nos missionnaires du Fellowship à l’étranger, ont effectué un remarquable travail pour représenter notre Fellowship d’Églises sur le terrain en Pologne. Ils ont fait preuve d’abnégation, d’altruisme et de sacrifice. Faisons une grande accolade aux Taylor et aux Jutras!

Nous nous sommes entretenus avec le président de l’Ukrainian Baptist Union ainsi qu’avec son vice-président, pour mieux comprendre la situation de leurs Églises baptistes. Nous avons ainsi appris que 450 congrégations des 2 500 Églises de cette Baptist Union se trouvaient en territoires occupés. Deux cent cinquante pasteurs de cette Baptist Union, parmi 2 000 autres, demeurent sans Église, puisque la guerre a fait fuir leurs membres de cette région. Quarante bâtiments d’Église ont été détruits ou sérieusement endommagés. La Baptist Union vise à soutenir ces pasteurs par un modeste salaire de 300 $ par mois et tente de réunir les pasteurs avec leur famille. Dans les territoires occupés, les nouvelles autorités, alliés des Russes, enlèvent et emmènent les pasteurs pour les battre. Beaucoup de pasteurs de cette région ont été obligés de fuir, ce qui signifie qu’ils sont séparés de leurs familles depuis des mois.

Les personnes de notre équipe ont entendu de nombreux récits de deuil, de traumatismes et de désespoir. Cependant, les croyants ukrainiens que nous avons rencontrés démontraient une foi et un espoir en Christ inébranlables. À l’écoute des récits de réfugiés, de bien des manières, nos émotions passaient rapidement de la tristesse à l’inspiration. Comme celui de cette grand-mère qui a vécu dans un abri public anti-bombes pendant un mois, en compagnie de cent autres citoyens, sous les incessants bombardements quotidiens. Elle ne pouvait pas retourner chez elle : sa maison avait été détruite. Ou cette mère qui avait failli perdre sa fille de quinze ans sur le quai d’une gare, dans la panique, au milieu d’une marée de réfugiés qui montaient à bord d’un train. Ou encore, cette jeune épouse et mère chrétienne, à l’air maussade, qui a demandé des prières pour son jeune mari, récemment mobilisé au combat par l’armée ukrainienne. L’un des missionnaires m’a souligné que deux cents soldats ukrainiens mourraient chaque jour. Beaucoup d’autres ont été blessés et mutilés. J’ai entendu une petite congrégation, composée de réfugiés ukrainiens, entre 50 et 60 âmes, entonner un cantique familier dans leur langue, ce qui a été particulièrement émouvant. Impossible de retenir nos larmes devant le ton touchant et mélancolique de leur interprétation. Cette horrible guerre déchire le cœur.

Les membres de notre équipe ont rencontré les dirigeants pastoraux et ceux des agences missionnaires partenaires d’AIDE. Ces derniers ont veillé à l’évacuation et aux soins des réfugiés pendant les premiers mois de cette guerre, de février à mai. Les efforts héroïques et désintéressés déployés par nos partenaires demeurent inspirants. Nous avons ainsi rencontré Daniel et Lydia du Camp Arka, que Pierre et Hanna Jutras connaissent bien, qui ont veillé sur 950 réfugiés. Nous avons également rencontré le pasteur Yanick et Sergei, un ancien dont l’Église à Łódź veille sur 50 familles de réfugiés ukrainiens. Une équipe de mission à court terme de la région du Pacifique du Fellowship a œuvré à cette Église pendant les premiers jours de l’évacuation des réfugiés.

Nous avons séjourné à Zamość, située à 60 kilomètres de la frontière, en compagnie du pasteur Sylvek dont l’Église a accueilli 750 réfugiés. Ben et Krista Taylor ont été particulièrement affairés à œuvrer à cette Église. Ben a transporté des réfugiés de la frontière vers les Églises pour qu’ils y soient hébergés. Il a également acheminé de la nourriture et des fournitures aux refuges des Églises en Pologne, mais aussi en Ukraine à d’autres partenaires d’Églises.

La ville d’Hrubieszów est située à quelques kilomètres de la frontière. Nous nous sommes rendus à une église partenaire de cette ville qui avait évacué et pris soin de 650 réfugiés. Luc, l’un de nos coéquipiers avait servi des réfugiés dans cette église lors de ses séjours antérieurs récents en Pologne.

Nous avons également rendu visite à nos partenaires d’agences missionnaires qui ont joué un rôle déterminant dans l’achat de nourriture et de fournitures et dans leur acheminement par camion aux réfugiés partout en Pologne et en Ukraine.

AIDE a assuré du financement à ces Églises locales ainsi qu’à ces groupes missionnaires évangéliques pour qu’ils veillent à l’acheminement de nourriture et de fournitures aux gens qui en ont le plus besoin. La détermination et la compassion des dirigeants que nous avons rencontrés, mais également leur fatigue m’ont beaucoup marqué. Nos propres missionnaires du Fellowship à l’étranger ont été extraordinaires. La Pologne s’est montrée particulièrement hospitalière. Les petites Églises de ce pays forment 0,02 % de la population polonaise et ont fait plus que leur part des mois durant. J’espère que les Polonais le remarqueront et chercheront la raison qui animait ces évangéliques à déployer leurs soins à tant de réfugiés.

Priez avec moi pour que l’Église polonaise et l’Église ukrainienne (cette dernière se compose d’environ 7 et 8 % d’évangéliques) soient épurées et ranimées pendant cette épreuve. Merci de vos dons. Notre famille du Fellowship s’est montrée généreuse par ses dons de plus de 1,2 million de dollars déjà versés. Nous avons cependant besoin que vous donniez à nouveau. Afin de répondre aux autres besoins sur le terrain, il nous faut du soutien financier supplémentaire. Veuillez envisager de verser un don à l’appel à l’AIDE d’urgence pour la crise des réfugiés ukrainiens en consultant le fr.fellowship.ca/crisedesrefugiesukrainiens.

Chaque sou sera versé à l’aide pour les réfugiés ukrainiens. Que Dieu vous bénisse par votre don.